Rendre professionnels les Zémidjans

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Rendre professionnels les Zémidjans

Depuis l’avènement des libertés individuelles et collectives au début de la décennie 1990, un nouvel emploi informel a vu le jour au Togo. Communément appelé zémidjan (dénomination empruntée du Bénin), les taxis-motos sont aujourd’hui partout sur le territoire national. Ce fut un nouveau métier à l’époque, et de nombreux jeunes gens l’ont embrassé. Ce métier a connu un essor rapide, au point où aujourd’hui, il est exercé, non pas que par les jeunes, mais aussi par les hommes d’un certain âge et même des femmes. Son apparition fut spontanée, et ce, à la faveur de la conjoncture, en réponse au chômage que connait le Togo depuis plusieurs décennies. Et justement, il a permis de résorber une partie de ce chômage auquel la jeunesse du pays est confrontée.

Considéré malheureusement par certain comme un sot métier, alors même qu’il n’y a pas de sot métier, dit-on, le Zémidjan est demeuré un secteur d’activité dépourvu d’organisation. Au départ, le gouvernement s’en est foutu, puis il a commencé à s’y intéresser quand il s’est aperçu de son effet positif sur la société. Le chômage a reculé, en tout cas de nombreux jeunes ont trouvé une occupation ; le banditisme a diminué en ville et beaucoup d’autres maux qui gangrénaient la société togolaise ont disparu. De fil en aiguille, ce secteur d’activité s’est imposé et connait des transformations progressives. Il a amorcé une organisation qui n’est pas à la mesure de l’ampleur que prend cette activité et surtout au regard des risques et des problèmes qui l’entourent :

  • Sur le plan économique

La précarité du métier et le revenu des zémidjans sont des  facteurs qui n’encouragent pas  à embrasser  ce métier ;

L’accès quasi-impossible aux crédits financiers ou prêts en vue de la réparation et l’entretien des motos ;

Le coût élevé du carburant au Togo ;

  • Sur le plan structurel

L’inexistence de syndicat sérieux de taxis-motos reconnu par l’Etat ;

la défaillance des infrastructures routiers, en l’occurrence l’impraticabilité de la plupart des routes ; 

le non-fonctionnement de certains feux tricolores ;

l’absence notoire de  parkings de stationnement règlementées pour les zémidjans (Il n’y a que de stations sauvages entrainant des conflits et amendes).

  • Sur le plan socio-sanitaire

Ce métier est resté informel et n’est pas règlementé.

La plupart des zémidjans n’ont pas d’assurance et souvent leurs motos ne sont pas assurées. En cas d’accidents, ils sont livrés à eux-mêmes.  

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L’impraticabilité des routes dans le pays expose les zémidjans aux maladies musculosquelettiques, telles que la fatigue, l’arthrose, l’impuissance sexuelle, etc. Et pourtant, ce métier a permis à beaucoup de diplômés sans emploi de sortir de la précarité et de l’indignité. Grâce à ce métier, la criminalité a baissé considérablement dans le pays. Ce métier a conféré de la respectabilité à ceux qui l’exercent, tout en leur permettant de subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles. Voilà pourquoi certains fonctionnaires d’Etat n’hésitent pas à faire du zémidjan le soir à la sortie du travail, afin de se donner des revenus additionnels.

En réalité, les problèmes du métier de taxis-motos peuvent trouver de solutions si une prise de conscience réelle se manifeste du côté des taxis-motos. Pour ce faire, il y a besoin d’actions conjuguées des zémidjans et des autorités publiques, notamment :

-réorganiser complètement le métier ;

-créer un syndicat sérieux des zémidjans sur toute l’étendue du territoire ;

-favoriser la formation des zémidjans de façon continue et régulière (beaucoup ne connaissent pas le code de la route, il faut les former) ;

-instituer le port d’uniformes obligatoires pour les zémidjans pour faire le distinguo entre professionnel et occasionnel ; ceci, pour empêcher tout détenteur de moto en quête de revenus additionnels, d’exercer cette activité. L’exemple de la société  « Olé » du Togo est illustrateur ;

-favoriser des regroupements de zémidjans afin de leur permettre une bonne et grande couverture d’assurance avec des polices adaptées (accident, maladie…etc.), et des flottes ;

-accéder à une reconnaissance du métier afin de permettre à ses membres de cotiser à la CNSS (caisse nationale de sécurité sociale) en vue de s’assurer d’une pension retraite ;

-créer des parkings pour les zémidjans sur toute l’étendue du territoire ;

-mettre en place de bonnes infrastructures routières et adéquates, afin de faciliter la circulation des biens et des personnes ;

-créer des cadres légaux d’assistances aux syndicats des zémidjans existant sur place ;

-réduire les droits de douane sur les motos et les pièces de rechanges ;

-réduire le prix du carburant à la pompe.

-créer des cadres légaux pouvant faciliter l’acquisition des permis et autres papiers aux zémidjans.

Si ces quelques mesures sont mises en œuvre, on peut être certain qu’on fera du taxi-moto ou Zémidjan, une profession d’avenir.

Hervé Martelot

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