UNE NOUVELLE COALITION DE L’OPPOSITION AU TOGO ? POUR QUEL RESULTAT ?

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UNE NOUVELLE COALITION DE L’OPPOSITION AU TOGO ?

POUR QUEL RESULTAT ? 

Les populations togolaises se sont réveillées le 03 Mars 2025 avec l’annonce d’une nouvelle coalition de l’opposition. Deux partis politiques de l’opposition et des organisations de la société civile se sont mis ensemble pour créer un nouveau front. C’est devant un parterre de journalistes que ces acteurs politiques et associatifs ont annoncé leur coalition qui a présenté une charte signée par tous les membres avec pour objectif de combattre la nouvelle constitution de la Vème République. Cette charte, selon ses signataires, a mis en place un « cadre de travail ad hoc » fondé sur la confiance et la solidarité. Elle dit être ouverte à toute organisation se retrouvant dans la perspective de travailler contre la constitution du 06 mai 2024.  

L’événement en soi n’a créé aucune surprise d’autant plus que les Togolais sont coutumiers de ces coalitions depuis le début du processus démocratique. L’histoire politique des trente-cinq dernières années est riche de coalitions et de fronts créés pour lutter contre le régime en place et susciter l’alternance au Togo. La vraie question que suscite cette coalition c’est moins sa proclamation que ses capacités à changer le cours de la vie politique au Togo. Comment va-t-elle s’y prendre pour combattre une constitution qui est en cours d’application et une Vème République entrain d’être installée ?

 Depuis l’avènement du processus démocratique au Togo, les partis politiques ont compris que face au pouvoir avec ses grands moyens ils n’ont pas d’autre choix que de se mettre ensemble s’ils veulent gagner leur lutte. C’est ainsi que dès 1990, on a assisté à la formation de plusieurs coalitions de l’opposition : FOD (Front des Organisations Démocratiques), COD 1 et 2 (Coalition de l’opposition Démocratique), CST (Collectif Sauvons le TOGO), FRAC, C14 et DMK. Ces coalitions, non seulement qu’elles ne sont jamais arrivées à faire aboutir la lutte, mais souvent elles fondent comme du beurre au lever du soleil. Leur soleil ce sont les problèmes de personnes, les disputes de leadership, le manque de vision et les trahisons. Ces  maux ont miné tous les regroupements politiques et les ont tués. Celui dont la faillite a le plus décontenancé les populations est la coalition de la C14. Depuis, les Togolais ont été amèrement déçus et peinent à se mobiliser à nouveau à l’appel de l’opposition.

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Les coalitions qui ont vu le jour à la suite de l’adoption de la constitution du 06 mai 2024 dans des conditions décriées n’ont pas fait mouche. Les populations n’ont pas répondu à l’appel des mouvements qui ont tenté de les mobiliser contre la nouvelle constitution et son corolaire la Vème République. L’autre grande déception est venue de la diaspora togolaise quand les Togolais ont appris la dislocation du mouvement Freedom-Togo-MLN fondé dans la diaspora par Kofi Yamgnane, Jean Sylvanus Olympio et Francois Akila-Esso Boko. Ce triumvirat qui a soulevé quelques espoirs chez certains togolais a connu le même sort que toutes les coalitions politiques du Togo. Du coup certains se sont dit : peut-on encore croire aux initiatives politiques venant de l’opposition ? Est-il permis de penser aujourd’hui que les acteurs politiques togolais peuvent se mettre ensemble pour travailler ? C’est dans cet environnement de déception totale que nait la Charte qui rassemble les partis politiques (ANC et FDR) et les associations (Le Front Citoyen Togo Debout, les femmes pyramides, FDCI, WELL Togo, AJAAH, ATDH, DRPDPS, Tournons La Page-Togo, ABEJ, la Novation Internationale)

 Cette nouvelle coalition dit s’opposer à la forfaiture de la nouvelle constitution qui ouvre la voie à la cinquième République togolaise. Il s’agit, à en croire les fondateurs, de tout mettre en œuvre pour empêcher la marche vers la Vème République. Dans le processus de mise en place de la nouvelle république, le SENAT est en cours d’installation. Il devra rester la nomination du Président du conseil et du Président de la République.

Comme moyen d’action, la nouvelle coalition a annoncé devant la presse la tenue d’un grand meeting populaire le 23 Mars 2025 à Lomé. D’autres actions vont suivre certainement. Mais d’ores et déjà on peut s’interroger sur l’absence dans cette coalition du front « Touche pas à ma constitution » et de la DMP. Comment peut-on vouloir créer un cadre de travail qui se donne pour objectif de combattre la constitution de la Vème République et ne pas y mettre le front «Touche pas à ma constitution » qui est précurseur dans cette lutte ? Comment peut-on ne pas appeler la DMP, qui a proclamé son opposition à la constitution du 06 mai 2024, dans un cadre qui se veut un espace d’échanges et d’élaboration de stratégies de lutte contre la même constitution ? A moins que ces entités politiques aient refusé d’être membres de cette coalition, autrement ne pas les avoir approchées auraient été une faute politique. S’il est avéré que ces regroupements n’ont pas été contactés pour être membres de la nouvelle coalition, alors on peut dire que les acteurs politiques de l’opposition n’ont pas coupés les chêmes des vieilles querelles de personnes. On peut surtout dire, sans risque de se tromper, que la nouvelle coalition, dont les acteurs se sont choisis au sein de l’opposition, est mal partie.

En définitive, nul ne peut être contre la formation d’une coalition, surtout quand elle vient des organisations de l’opposition. L’idée que les acteurs qui luttent contre le régime doivent se mettre en place pour être forts est très ancrée dans la population. Toutefois, la question qui taraude les esprits est de savoir comment cette nouvelle coalition va-t-elle procéder pour réussir là où des coalitions plus fortes et inclusives ont échouées ?  Qui vivra verra.

Hervé Martelot

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